Le Sommet de la Convention CITES
(Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d'extinction) s'est clôturé aujourd'hui, à Bangkok avec
un bilan final majoritairement positif. Le requin taupe, le requin
océanique, 3 espèces de requins marteaux et les raies Manta vont
être mieux protégés désormais. Des mesures de protection vont
être imposées pour lutter contre le commerce illégal de l'ivoire
d'éléphants d'Afrique et de la poudre de corne de rhinocéros.
Plusieurs espèces de tortues, de végétaux et de bois exotiques ont
intégré la liste des espèces protégées. En revanche, aucun
consensus n'a été trouvé pour l'ours polaire.
Au total, ce
sont 71 propositions visant à mieux protéger certaines espèces
animales et végétales, qui ont été examinées par les
représentants des 178 pays signataires de la CITES. À cela
s'ajoutent plus de 70 propositions de mesures de gestion et de
dispositions techniques qui ont été discutées pour favoriser une
meilleure protection et un commerce plus durable de ces
espèces.
L'Europe et la Belgique ont également engrangé
divers succès dans le domaine de la protection des espèces marines.
Non seulement un système de délivrance d'autorisation pour
l'importation et l'exportation légales de ces espèces marines a été
mis en place, après des années de discussion, mais diverses espèces
de requins - dont le requin taupe, présent également en mer du Nord
- seront désormais aussi mieux protégées, ce qui empêchera leur
surpêche. Les discussions relatives aux requins sont restées
incertaines jusqu'à la fin des débat. Certains pays tenaient encore
à faire marche arrière, mais n'ont pas trouvé le soutien
nécessaire. La validation de la décision visant à protéger
davantage ces espèces a été accueillie sous un tonnerre
d’applaudissements.
Deux autres espèces
importantes étaient à l'agenda : l'éléphant d'Afrique et le
rhinocéros. Ces espèces sont sous la pression d'un commerce illégal
croissant : l'ivoire et la poudre de corne de rhinocéros sont des
produits très prisés, particulièrement dans les pays
asiatiques.
Plusieurs étapes ont été
franchies concernant la mise en place d’un modèle décisionnel en
matière de commerce d'ivoire. Un groupe de travail (Ivory
Enforcement Task Force) a été créé en vue de parvenir à une
collaboration plus ciblée dans la lutte contre le braconnage et le
commerce illégal. La coopération au niveau international sera
renforcée. Des analyses ADN seront réalisées lors de saisies
importantes d'ivoire. Cette méthode de travail permettra de savoir
d'où provient l'ivoire saisi, et d'agir de manière plus ciblée à
l'encontre des pays d'origine.
En ce qui
concerne le rhinocéros, des mesures complémentaires ont été
établies, sans toutefois réduire le commerce en Afrique du Sud.
Dans ce pays, de nombreux rhinocéros vivent sur des territoires
privés, où ils peuvent être chassés. Les revenus des trophées de
chasses bénéficient aux mesures de protection, ce qui incite les
propriétaires terriens à élever des rhinocéros. L'Afrique du Sud
reste par conséquent le pays où l'on recense la plus importante
population de rhinocéros, et celle-ci continue de croître malgré
la persistance du braconnage illégal.
Par ailleurs, le
Viêt-Nam, un des principaux débouchés pour la poudre de corne de
rhinocéros, se voit contraint de prendre des mesures extrêmes et
d'élaborer des stratégies destinées à faire baisser la demande.
En effet, dans les pays asiatiques prédomine l'idée que cette
poudre renfermerait des pouvoirs "magiques" et permettrait
de notamment guérir du cancer.
Des mesures ont également été
imposées à des pays africains tels que le Mozambique, un important
pays de transit en raison de sa frontière avec le Kruger National
Park en Afrique du Sud. Si, dans l'année, ces pays ne peuvent
prouver qu'il y a une nette amélioration dans leur lutte contre le
commerce illégal, des mesures drastiques, comme une éventuelle
interdiction de commerce avec ces pays, pourraient être
décrétées.
Aucune mesure de protection
supplémentaire n'est intervenue pour l’ours polaire, en dépit des
propositions formulées par les États-Unis et l'Union européenne.
La question de l'ours polaire est controversée étant donné que la
diminution de leurs populations résulte bien plus des changements
climatiques que du commerce.
Mis à part ces espèces
emblématiques, plusieurs espèces de tortues (dont des tortues
aquatiques d'Asie) et de bois exotiques (comme le palissandre et le
bois de santal) ont été admises dans les listes des espèces
protégées par la CITES. De plus, plusieurs plantes grasses uniques
originaires de Madagascar sont, elles aussi, désormais protégées.
Toutes les propositions relatives aux espèces végétales ont été
adoptées par consensus. On peut donc parler d'un grand succès
!
Quelques simplifications ont également été approuvées,
comme le passeport pour les instruments de musique fabriqués à
partir notamment d'espèces de bois protégées et d’ivoire. Ce
passeport permettra aux musiciens de voyager plus facilement à
l'avenir.
CITES offre une protection à plus de
34.000 espèces d'animaux et de plantes. La Convention a soufflé son
quarantième anniversaire cette année. 2016 accueillera le prochain
sommet CITES.