jeudi 10 janvier 2013

Analyse indépendante: Avantages financiers et écologiques des véhicules électriques

Alors qu’un Belge sur deux se dit disposé à faire l’acquisition d’un véhicule électrique (VE), en 2012 seulement 1479 véhicules exclusivement propulsés à l’électricité ont été immatriculés, contre 263 en 2011 et 47 en 2010. On peut donc bel et bien parler d’une avancée des véhicules électriques  (VE), même si elle reste timide. L’accélération est moins rapide que celle des véhicules électriques eux-mêmes. La variante électrique du bolide classique présente pourtant plein d’avantages tant écologiques que financiers, pour les particuliers comme pour les entreprises.
Volet écologique
Aucun citadin ne peut nier qu’une ville qui n’accueillerait que des véhicules électriques serait, au propre comme au figuré, une véritable respiration. Les cyclistes comme les piétons auraient moins de souci à se faire à la vue des dépôts de suie qui polluent leur patrimoine. Les nuisances sonores aussi seraient ramenées à de plus justes proportions. 

Et pourtant, des rumeurs continuent à circuler sur l’impact environnemental de la batterie d‘une voiture électrique.  Nous allons être très clairs: l’impact environnemental de la production et du recyclage des véhicules électriques (y compris la batterie) ne représente qu’une fraction de l’impact environnement total d’une voiture équipée d’un moteur à combustion. Que la part relative à la production et au recyclage d’un VE soit plus importante que celle relative à sa phase d’utilisation est simplement due au caractère essentiellement écologique de sa phase d’utilisation. Mais que les émissions résultant de la phase d’utilisation d’un véhicule électrique sont inexistantes, n’est qu’un argument publicitaire sorti de son contexte. En fait, ces émissions se réduisent à celles du lieu de production de l’électricité utilisée. En d’autres mots, à celles de la centrale électrique. Si l’électricité est produite dans une centrale à charbon polluante, comme c’est le cas en Chine par exemple, un VE produira plus d’émissions qu’un moteur à combustion. Si la batterie est chargée avec une énergie renouvelable, alors les émissions seront effectivement nulles. Prenons l’exemple de la Belgique : en Belgique les émissions d’un VE sont d’environ 50 g de CO2/km, y compris la production, le recyclage et l’entretien du VE. Pour un moteur diesel moyen, elles sont de 180 g de CO2/km et peuvent atteindre 220 g de CO2/km pour un moteur à essence. 

De plus, l’efficacité énergétique d’un moteur électrique est de  80-95 %, ce qui est nettement mieux que celle d’un moteur à combustion qui atteint tout au plus 20-30 %. Et la récupération de l’énergie au freinage d’un VE améliore encore son rendement. Ajoutons pour terminer que la production du lithium, utilisé pour les batteries, est assez simple et écologique, et qu’il est recyclable. On ne peut pas en dire autant du diesel. 
Nos réserves de carburants fossiles devraient donc être réservées aux domaines où ils sont vraiment porteurs de plus value comme par exemple dans les secteurs chimiques ou pharmaceutiques.  

Volet financier: Particuliers
Un VE coûte en général 10 %-50 % de plus que son équivalent conventionnel. Un montant qu’il faut évidemment débourser à l’achat du véhicule. Mais il faut aussi tenir compte  d’autres éléments. Se déplacer avec une voiture électrique revient à environ 3 € les 100 km, alors qu’avec un moteur diesel, même très peu gourmand, on dépasse vite les 8 €.  Sans avantages fiscaux, l’investissement de départ n’est récupéré qu’après plusieurs années (entre 4 et 13 ans). En 2013, le fisc accorde cependant une réduction d’impôts de 30 % sur le prix d’achat de la voiture (avec un maximum de 9 510 €). Pour une borne de recharge, cette réduction d’impôts est de 40 %. Autre avantage, vous ne payez pas de taxe de mise en circulation pour votre VE. Si l’on prend également en compte des taxes annuelles de circulation plus avantageuses, des entretiens moins contraignants et onéreux et des tarifs intéressants pour les assurances (Ethias offre 30 % de réduction sur ses assurances VE),  l’investissement consenti est récupéré beaucoup plus vite : la Renault Fluence Z.E. par exemple devient moins chère que sa version diesel après un an seulement. Mais pour la Nissan LEAF vous devrez  attendre 3 ans,  en comparaison d’une voiture correspondante conventionnelle (15 000 km/an) par exemple.

Volet financier: Entreprises
L’analyse du Total Cost Ownership ou coût total de possession est également très importante pour les entreprises. Les prix de leasing pour un VE sont toujours plus élevés parce que les sociétés de leasing ne veulent pas prendre de risque quant à la valeur résiduelle d’un VE. Par contre, les VE sont fiscalement déductibles à 120 %, alors que ce taux n’est que de 75-80 % pour une voiture d‘entreprise moyenne (selon ses émissions de CO2). Si l’on tient également compte de la contribution de solidarité,  l’entretien, l’assurance et d’autres frais, on arrive à la conclusion qu’un VE ne revient pas du tout plus cher qu’une voiture correspondante conventionnelle, au contraire, dans certains cas elle revient moins chère, même à moins de 20.000 km par an. 

Tout aussi important pour les entreprises : introduire le TCO dans le calcul du budget attribué à un collaborateur pour le choix d’une voiture. Si l’on ne tient compte que du prix du leasing, les voitures électriques sont défavorisées. 

Le calcul du TCO peut se faire en ligne via www.tcoberekenen.be

Quels sont les obstacles à l’expansion des VE? 
D’une enquête effectuée par Ethias auprès de ses clients, il ressort que les principales raisons pour lesquelles on ne choisit pas une voiture électrique sont en tout premier lieu son prix (34 %). Viennent ensuite son autonomie (26 %) et les problèmes liés à la recharge des batteries (28 %). 

Le prix d’achat ou de leasing élevé rebute de nombreuses personnes alors qu’en principe, ce n’est pas un argument valable comme nous venons de l’expliquer ci-dessus. Le rayon d’action et la recharge des batteries par contre, peuvent effectivement poser problème, et par conséquent,  tous les collaborateurs n’entrent pas en considération pour un VE au sein d’une entreprise.  Les collaborateurs qui font beaucoup de route n’ont pas le temps d’attendre que les batteries se rechargent. Par contre, un VE se profile comme une alternative valable pour les collaborateurs dont les déplacements se limitent au trajet domicile - travail. La plupart des VE en mesure de parcourir 100 km matin et soir, présentent une autonomie plus que suffisante pour effectuer les trajets de et vers le domicile, ce trajet étant en moyenne de 20 km en Belgique. 

Le trajet moyen effectué par personne et par jour est de 35 km en Flandre. Avec un rayon d’action de 100 km la plupart des Flamands disposent donc d’une autonomie suffisante pour effectuer leurs déplacements quotidiens. Mais comment faire pour les déplacements plus longs qu’ils sont appelés à effectuer quelques fois par an ? 

Différentes alternatives peuvent être envisagées. Comme par exemple, une deuxième petite voiture à carburant réservée aux déplacements extrêmes. Cette petite voiture peut éventuellement être mise à la disposition de plusieurs utilisateurs, un peu dans l’esprit du système Cambio qui existe déjà actuellement dans différentes villes. Dans certains cas, la location d’une voiture équipée d’un moteur à combustion pour les déplacements exceptionnels peut s’avérer une solution économique.  Aujourd’hui, la Belgique dispose de vingt stations avec bornes de recharge rapide où il vous faudra environ 20 minutes pour recharger les batteries à 80 %. Juste le temps de boire un petit café ! Une autre solution à envisager pour l’avenir est un système d’échange de batteries basé dans les stations services. Cette dernière option demande cependant un nombre suffisant de stations services équipées de ce système et la standardisation des batteries. Ce qui peut engendrer de longues discussions du genre ‘l’œuf ou la poule’.

Quoiqu’il en soit, un VE convient parfaitement à la plupart des déplacements de et vers le domicile, déplacements qui représentent une part considérable des kilomètres parcourus. En proposant des VE, les entreprises peuvent réduire de façon substantielle leurs émissions et leurs frais. Et heureusement, quelques entreprises avant-gardistes comme Mobistar, Interparking, et autres… essayent d’ouvrir la voie à cette nouvelle approche.    

Même s’il y avait une avancée spectaculaire en la matière en 2013, la CREG ne prévoit aucun problème au niveau de notre réseau électrique. Au contraire, les véhicules électriques peuvent participer valablement au glissement de paradigme nécessaire à l’approvisionnement et contribuer à l’équilibrage du réseau. Dans ce contexte, l’augmentation de la demande n’ira pas de pair avec une augmentation du prix de l’électricité, mais bien avec la production et le stockage d’électricité verte. 
En 2009, la ‘Vlaamse Milieumaatschappij’ incluait les VE dans ses perspectives d’avenir, avançant même qu’en 2030, 90 % des véhicules seront électriques. 

Pour réaliser ces prévisions, le gouvernement devra mener une politique active pour lever les obstacles qui existent encore à l’heure actuelle et par conséquent pour inciter le public à accélérer la tendance.    
Nos voies respiratoires et le climat en ont un besoin urgent.  

Source: Belga