En Belgique, 12% des patients hospitalisés souffrent d’escarres de décubitus. De
telles statistiques ne sont toutefois pas connues pour les autres structures de
soins. Le SPF Santé Publique a déjà pris de nombreuses initiatives dans le cadre
de la prévention des escarres et sollicite à présent le Centre Fédéral
d’Expertise des Soins de Santé (KCE) afin qu’il développe des recommandations de
bonne pratique en vue d’apporter un soutien scientifique à la pratique
quotidienne des soignants. Il ne s’agit pas pour autant d’une check-list
d’interventions à appliquer sans réflexion à tous les patients à risque, ce qui
procurerait aux soignants un faux sentiment de sécurité. La prévention des
escarres doit au contraire être envisagée au cas par cas, et se décliner en une
combinaison de mesures spécifiques, à appliquer dans tous les environnements de
soins.
Pour mener cette étude, le KCE a collaboré avec les équipes des
universités de Gand et de Leuven, les associations belges de soins de plaies, le
groupe CIPIQ-S (Collaboration Internationale des Praticiens et Intervenants en
Qualité), mais aussi avec le très réputé NICE (National Institute for Health and
Clinical Excellence) britannique, une véritable primeur !
Affection
longue et douloureuseLes escarres de décubitus se développent préférentiellement
aux niveaux des talons et du sacrum. Ce sont les parties du corps qui subissent
le plus de pression lorsqu’une personne reste longtemps alitée ou en position
assise. La gravité des lésions s’échelonne d’une rougeur persistante, qui ne
disparait pas à une faible pression exercée sur la peau, jusqu’à l’ulcération
profonde qui atteint les muscles et les os.
Les escarres de décubitus
peuvent s’accompagner d’un sérieux inconfort de longue durée et causer des couts
supplémentaires pour le patient et la société. La prévention des escarres est
l’une des tâches les plus importantes du personnel infirmier et est considérée
comme un aspect crucial de la politique de la qualité, tant dans les hôpitaux,
les maisons de repos, les centres de revalidation qu’au domicile des
patients.
Combinaison de mesures de prévention adaptées
individuellement à chaque patientLes chercheurs ont procédé à une analyse
approfondie des études publiées et ont conclu à la primauté des mesures
combinées pour assurer une prévention adéquate des escarres : changement
régulier de position au fauteuil et au lit, utilisation de dispositifs de
répartition de la pression (tels que des matelas spéciaux) et proscription des
massages énergiques de la peau.
De plus, la prévention sera adaptée
au mieux à la situation individuelle de chaque patient. Dès le premier contact
en milieu de soins, le risque d’escarres sera soigneusement évalué et les
mesures de prévention précisément définies. La situation médicale et le plan de
soins établi en concertation avec le patient, ses aidants proches et les
soignants, ainsi que les préférences du patient, joueront ici un rôle essentiel.
La prise en charge sera régulièrement réévaluée, surtout si l’état de santé du
patient évolue ou s’il change de milieu de vie ou de soins.
Un appel
à des recherches de qualitéMalgré l’impact majeur des escarres de décubitus sur
la qualité de vie des patients, trop peu d’études cliniques de bonne qualité ont
évalué l’efficacité des différentes mesures de prévention. Pourtant, les
organisations de soins qui assurent une politique de prévention systématique et
bien structurée obtiennent de meilleurs résultats en termes de qualité des
soins. Elles enregistrent la prévalence des escarres de décubitus, se comparent
à d’autres organisations et informent les soignants des résultats obtenus. De
plus, de telles organisations emploient des infirmiers/ères spécialisé(e)s en
soins de plaies, organisent des formations adaptées et disposent d’un comité
multidisciplinaire dédié à la prévention des escarres de
décubitus.
Le KCE plaide pour de meilleures recherches ciblées
notamment sur l’évaluation du risque d’escarre, l’efficacité des matelas
répartiteurs de pression, et la fréquence adéquate de changement de position des
patients.
Campagne de sensibilisation des soignants concernésCes
recommandations de bonne pratique représentent une bonne opportunité pour une
nouvelle campagne de sensibilisation des soignants concernés. Elles seront aussi
idéalement adoptées dans les procédures de travail et dans la formation des
soignants. Les hôpitaux, les maisons de repos et les responsables des soins à
domicile devraient aussi intégrer les programmes de prévention des escarres dans
leur politique globale d’amélioration de la qualité, à laquelle, respectivement,
les gériatres et dermatologues, les médecins coordinateurs et conseillers (MCC)
et les médecins généralistes devraient être associés.
Ces
recommandations de bonne pratique pour la prévention des escarres seront suivies
des recommandations pour le traitement des escarres, prévues pour mi-2013.
Source: Belga