mardi 1 mars 2016

Les psychologues se mobilisent pour revendiquer une meilleure protection du patient

L’abus de titre, une dérive qui n’est pas sans conséquences sur la qualité des services offerts 

En Belgique, le titre de psychologue est protégé par la loi. Seuls les « psychologues » diplômés et agréés par la Commission des psychologues sont habilités à le porter. Fin 2015, on recensait déjà    10 600 psychologues diplômés et agréés dans notre pays. « Il y a pourtant, chez nous, plus de 1 000 prestataires de soins qui abusent du titre de psychologue, entravant ainsi la professionnalisation de toute la corporation. Qui plus est, les psychologues ne jouissent pas toujours de la pleine confiance des autres professionnels du secteur de la santé mentale, alors qu’ils ont un rôle important à jouer au sein de la société, à une époque où les affections psychologiques doivent être prises au sérieux », pointe Edward Van Rossen, psychologue et directeur de la Commission des Psychologues. M. Van Rossen plaide dès lors pour un durcissement de la politique de lutte contre l’abus de titre, par respect pour la crédibilité de la profession. 

En 2013 déjà, une enquête santé réalisée auprès de plus de 10 000 Belges âgés de 15 ans et plus avait révélé que 32% présentaient des problèmes psychiques renvoyant à un sentiment « d’être mal dans sa peau ». 7% des personnes interrogées ont déclaré avoir souffert de dépression au cours de l’année écoulée et 4,2% ont indiqué avoir déjà effectué au moins une tentative de suicide. Des chiffres qui attestent d’une situation grave et qui ont été confirmés en 2014 par une autre étude réalisée par LUCAS en collaboration avec iVOX auprès de 2 000 personnes âgées entre 18 et 79 ans. 91% des personnes qui ont répondu à cette étude ont déclaré avoir déjà été confrontées à des problèmes psychiques dans leur environnement proche (dans 56% des cas, ces problèmes concernaient un membre de la famille du répondant tandis que dans 51% des cas, c’est le répondant lui-même qui était concerné). Presque 35% ont cherché à se faire aider par un professionnel de santé mentale. Cependant, environ 65% n’avaient pas suffisamment confiance dans le secteur pour se faire aider par un prestataire des soins de santé mentale.   

Une meilleure protection du psychologue et du patient 

« Tout organe professionnel qui se respecte et qui est reconnu par la loi se doit de mettre en place un système disciplinaire efficace. C’est pourquoi la Commission des Psychologues s’est attelée, ces dernières années, à élaborer son propre code de déontologie et à se doter d’un droit disciplinaire applicable aux psychologues », souligne Jean-Pierre Dardenne, avocat et président du Conseil disciplinaire de la Commission des Psychologues. « Le titre de psychologue fait ainsi office de label de qualité forçant le respect ». Un(e) psychologue ne met jamais à jour ses connaissances ? Il/Elle ne respecte pas le secret professionnel ? Il/Elle a des relations sexuelles avec son (sa) client(e) ? Il/Elle a remis un rapport partial dans le cadre d’une procédure de divorce ? Face à toutes ces situations, une plainte peut être introduite auprès du Conseil disciplinaire de la Commission des Psychologues. « Mais lorsqu’une plainte vise un(e) « psychologue » non agréé(e), nous sommes impuissants et personne ne peut venir en aide aux patients concernés. Ce qui porte évidemment préjudice à la cote de confiance dont jouit la profession », poursuit Jean-Pierre Dardenne. Il est par conséquent primordial d’étendre les compétences de la Commission des Psychologues. Laquelle peut compter à ce propos sur le soutien du gouvernement. 

Vers un Ordre des psychologues ? 
En février, la ministre de la Santé publique Maggie De Block (Open VLD) a dévoilé ses plans afin de réglementer l’exercice de la psychologie clinique. Avec le ministre des Classes moyennes Willy Borsus (MR), elle aspire à élargir de manière très importante le panel des tâches de la Commission des Psychologues et à la faire évoluer vers un institut professionnel moderne. « Une telle évolution nous permettrait, comme pour les médecins, de mieux contrôler le recyclage des psychologues et de détecter et poursuivre d’une manière proactive les abus de titre. En tant qu’institut professionnel à part entière, nous pourrions par ailleurs gérer nous-mêmes la réglementation de la profession de psychologue clinicien. Cela entraînerait des gains durables de qualité pour toute la corporation et permettrait qui plus est d’ouvrir davantage la voie à un remboursement des consultations de psychologie », affirme Catherine Henry, avocat, médiateur et président de la Commission des Psychologues. Le congrès du 4 mars prochain à Bruxelles sera l’occasion idéale de rassembler toutes les parties concernées autour de ce thème et de se livrer à un brainstorming. 

Le colloque national du vendredi 4 mars 2016 à Bruxelles est gratuit pour les psychologues agréé(e)s. Il se déroulera de 13h à 17h30 au Square – Brussels Meeting Center, l’ex-Palais des congrès. La ministre de la Santé publique Maggie De Block et son homologue en charge des Classes moyennes Willy Borsus feront partie des orateurs. Le congrès se clôturera par un débat. 

Psychologencommissie/Commission des Psychologues