mardi 1 mars 2016

Grossesse : trop d’examens réalisés "par habitude" ?


Dans le suivi de la grossesse, certains examens sont réalisés à plusieurs reprises sans tenir compte des facteurs de risque de la maman. C’est le cas des échographies : 1 femme sur 2 subit jusqu’à 5 échographies pendant sa grossesse alors que seules 2 seraient vraiment nécessaires. Des chiffres issus d’une étude des Mutualités Libres.Bruxelles, le 1er mars 2016. A quels types de soins recourt-on avant, pendant et après un accouchement ? Et quel est le coût de ces soins pour la sécurité sociale et les parents ? Les Mutualités Libres ont voulu répondre à ces questions en analysant la totalité des prestations médicales dont ont bénéficié 19.500 femmes ayant accouché en 2013. L’analyse s’étend du début de la grossesse à 3 mois après l’accouchement, soit un an au total*.

Trop d’échographies

Parmi les résultats les plus frappants de l’étude, il apparaît que certains examens sont réalisés à plusieurs reprises sans tenir compte des facteurs de risques de la maman  (âge, diabète, hyperthyroïdie…). Ainsi, 1 femme sur 2 subit jusqu’à 5 échographies sur toute sa grossesse, ce qui est très supérieur aux recommandations du KCE (Centre fédéral d’expertise des soins de santé). Selon le KCE, seules deux échographies sont "vraiment nécessaires" : au début et à la mi-grossesse. Et comme l’avait souligné l’Agence Intermutualiste dans un rapport sur le suivi prénatal en Belgique**, "on ne dispose pas de preuves suffisantes pour recommander une échographie de routine après 24 semaines de grossesse" (3e échographie). 

A contrario, l’étude révèle qu’1 femme sur 4 ne subit pas d’examen de dépistage du virus du sida. Or, c’est un examen important et en cas de séropositivité, un traitement prénatal devra être pris par la maman pour réduire les risques de transmission du virus à son enfant.

Une facture importante pour l’assurance maladie

Quel est le coût d’une nouvelle naissance ? Dans le cas d’un accouchement "normal", les dépenses de santé cumulées pendant un an par une femme représentent 5.000 euros de coûts pour l’assurance maladie. Montant qui s’élève à 6.800 euros pour un accouchement par césarienne. Pour les mamans, l’addition est heureusement beaucoup plus modérée avec une moyenne de 400 euros à leur charge (via les tickets modérateurs) et ce, quel que soit le type d’accouchement. Ce montant individuel ne tient toutefois pas compte des suppléments d’honoraires des médecins et des suppléments de chambre facturés par les hôpitaux. Ainsi, il n’est pas anecdotique de préciser qu’accoucher dans un hôpital universitaire coûte 20% plus cher que dans un hôpital non universitaire.

La grossesse n’est pas une maladie

Pour l’Organisation mondiale de la Santé, il faut "démédicaliser" la grossesse. Les Mutualités Libres adhèrent à cette vision car la grossesse n’est pas une maladie et ne doit pas être traitée comme telle, sauf exception (risque gestationnel). La majorité des femmes vivent des grossesses à faible risque, il est donc parfaitement possible de démédicaliser cette période, notamment par un usage plus rationnel des consultations et des examens complémentaires, dont certains tests de biologie clinique. Cela aura par ailleurs aussi un impact bénéfique sur les finances publiques. 

Enfin,  l’étude confirme une tendance observable dans tous les pays développés : le taux de césariennes ne cesse d’augmenter. Il est de 22% et grimpe même à 25% pour les femmes de plus de 35 ans. Pour les Mutualités Libres, il doit être possible d’arriver rapidement à un taux inférieur à 20%, plus proche des recommandations internationales.

* Analyse des données de remboursement de 19.533 affiliées des Mutualités Libres ayant  accouché en 2013. La plupart de ces femmes sont  âgées de 15 à  47 ans.
**Données de 2010.
Belga