vendredi 1 août 2014

Hospitalisations en psychiatrie: trop et trop longtemps ?

5% des patients souffrant de troubles psychiatriques sont soignés à l’hôpital pendant plus d’un an, 2% pendant… plus de 5 ans ! Les longs séjours à l’hôpital et le nombre élevé de lits psychiatriques génèrent de lourdes dépenses pour la sécurité sociale. Les Mutualités Libres appellent au développement de formules de soins alternatives à l’hospitalisation.
Bruxelles, le 29 juillet 2014. Entre 2008 et 2012, 31.021 affiliés des Mutualités Libres ont été hospitalisés en milieu psychiatrique pour troubles psychotiques, épisode dépressif majeur, troubles anxieux sévères, etc.  Les Mutualités Libres ont analysé les caractéristiques de ces hospitalisations. Quelques constats :


• L’offre de lits psychiatriques est très importante en Belgique : 144 lits pour 100.000 habitants, ce qui est nettement plus élevé que dans les pays voisins (100 lits/100.000 hab.). C’est en Flandre que le nombre de lits psychiatriques est le plus élevé: 14.485 lits contre 6.582 en Wallonie et 2.217 à Bruxelles. 
• Si la durée moyenne de séjour en hôpital psychiatrique est de 69 jours et 26 jours en service psychiatrique d’un hôpital général, un nombre non négligeable des patients (5%) sont soignés à l’hôpital pendant plus d’un an.  2% d’entre eux y séjournent même pendant plus de 5 ans !
• C’est dans les services psychiatriques des hôpitaux généraux que les dépenses de santé à charge de la sécurité sociale sont les plus élevées : 10.339 euros par mois et par patient en moyenne, suivis par les hôpitaux psychiatriques (4.718 euros). Dans les milieux extrahospitaliers voués aux longs séjours, les coûts sont sensiblement moins élevés : 3.108 euros en maison de soins psychiatriques et 1.671 euros pour les habitats protégés.
• Au total, les hospitalisations psychiatriques représentent 8,7% des dépenses en soins de santé des Mutualités Libres alors qu’elles ne concernent qu’1,3% de leurs affiliés. C’est le prix de la journée d’entretien à l’hôpital et les honoraires de surveillance qui sont les principales sources de coûts (91% à 95%).

L’hôpital n’est pas la seule option !

La santé mentale est une composante essentielle de la santé, comme l’a rappelé l’OMS récemment. Les hospitalisations en psychiatrie s’imposent souvent quand les patients représentent un danger pour eux-mêmes ou pour leur entourage mais comment expliquer qu’en Belgique, on garde certains patients si longtemps à l’hôpital (plus de 5 ans !)?  Un accueil dans une institution de soins conçue pour les longs séjours (maisons de soins psychiatriques et habitats protégés) ne serait-il pas plus adapté?
  
Pour les Mutualités Libres, les (trop) longs séjours hospitaliers et le nombre élevé de lits en psychiatrie mettent en évidence l’insuffisance d’alternatives à l’hospitalisation. Ces formules de soins alternatives doivent être développées et surtout pérennisées.

Actuellement, une série de projets thérapeutiques sont mis en place dans le cadre de l’article 107 pour développer les soins extrahospitaliers (prise en charge à domicile par exemple). L’évaluation de ces projets devrait, on l’espère,  aboutir à la généralisation des initiatives répondant le mieux aux besoins des patients tout en étant financièrement supportables pour la sécurité sociale. 
Belga