samedi 25 janvier 2014

Vision climat 2030 de l'UE: manque de synergie entre politique climatique & industrielle

Bruxelles, 24 janvier 2014  

Avec un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 40% d’ici 2030, le paquet énergie-climat 2030 de la Commission européenne présenté ce mercredi ambitionne de combattre le réchauffement climatique. Pour y parvenir, l’Europe a décidé de poursuivre sa voie dans l’imposition de mesures contraignantes pour l’industrie sans prendre en compte la dimension globale des enjeux climatiques. essenscia, la fédération des industries chimiques et des sciences de la vie, enjoint l’Europe à réviser sa stratégie afin de préserver la compétitivité de l’industrie, d’encourager l’innovation et de créer de réelles synergies entre les politiques industrielle et climatique dans le cadre d’une économie globalisée.
Ce mercredi, la Commission européenne a publié une proposition pour le paquet énergie-climat 2030. Elle est partie de la politique actuelle 20-20-20 pour établir sa stratégie : des objectifs de réduction absolus ont été déterminés pour 2030 et une grande partie de ceux-ci sont adressés à l’industrie. Les récentes évolutions dans le domaine du climat et de l’énergie font peser des doutes sur le bien-fondé de cette tactique : un accord climatique international n’a pas été atteint et l’approche européenne actuelle n’a pas fait d’émules dans le reste du monde. De plus, l’exploitation pionnière du gaz de schiste aux Etats-Unis aura des conséquences majeures sur les prix des énergies fossiles dans un futur proche.

La problématique climatique est un phénomène global et doit être envisagée en tant que telle. La proposition européenne ne tient pas assez compte de cette réalité. Elle a en effet fixé un objectif inconditionnel de réduction de 40% des émissions d’ici 2030 pour l’Europe alors que les émissions de l’Union ne représentent aujourd’hui qu’environ 10% des émissions dans le monde. L’Asie, en croissance continue, et le Moyen-Orient sont responsables pour plus de 50% des émissions de gaz à effet de serre. De plus, les émissions en Europe ont diminué de 50 mégatonnes de CO2 en 2011 par rapport aux niveaux de 2010 tandis que la Chine a, quant à elle, connu une augmentation de 300 mégatonnes de CO2. 

En Belgique, l’industrie chimique et des sciences de la vie a déjà réalisé des efforts considérables en matière d’énergie. Elle a ainsi réduit ses propres émissions de gaz à effet de serre par volume produit de 77% depuis 1990. Depuis 1990, la production totale de l’industrie chimique et des sciences de la vie en Belgique a plus que triplé, alors que la consommation énergétique n’a augmenté que de 40%. Le coût de l’énergie demeure cependant un facteur crucial pour garantir la compétitivité de notre industrie. Il est en grande partie influencé par le prix de gaz, qui est trois fois plus cher en Europe qu’aux USA, et par la contribution aux énergies renouvelables et la cogénération, ainsi que par des taxes publiques. L’Europe se doit de développer un plan cohérent visant à réduire ces coûts énergétiques en vue de garantir la pérennité et le développement de l’industrie chimique en Europe. 

essenscia plaide pour une nouvelle politique européenne énergie et climat qui soit à la hauteur d’une économie globale et aspire au maintien de la prospérité grâce à la contribution de l’industrie dans un cadre durable. La solution réside dans une stratégie qui mise sur la valeur ajoutée et sur l’innovation pour le développement de technologies réduisant les émissions aussi bien au sein de l’UE qu’en dehors de ses frontières. La R&D devrait donc être au cœur de la stratégie européenne afin que des technologies innovantes mais compétitives puissent être développées.

Durant le sommet européen des 20 et 21 mars, le Conseil européen se prononcera non seulement sur ce nouveau paquet mais également sur un plan de relance pour une renaissance industrielle européenne. L’Europe ambitionne de faire passer la part de l’industrie dans le PIB de l’Union de 16 à 20% mais pour y parvenir, il est essentiel que l’Europe restaure un climat positif d’investissement. A cet effet, l’Europe doit indiquer clairement à l’industrie qui produit de manière durable qu’elle est la bienvenue en Europe et lui apporter le soutien nécessaire au développement de solutions innovantes pour le climat. « L’Europe devra revoir sa stratégie tout comme son système européen d’échange de quotas d’émission afin que ses propositions puissent non seulement répondre à la problématique du changement climatique mais également permettre la réindustrialisation de l’Europe », déclare Yves Verschueren, administrateur délégué d’essenscia.

Il est aujourd’hui essentiel de mener la réflexion au-delà des frontières européennes et de faire le bon choix au sein d’une économie mondialisée afin de pouvoir gagner le combat contre le CO2 et de rétablir la compétitivité en Europe.
(Belga)