vendredi 21 décembre 2012

Drame de St-Ghislain : Altéo s’interroge (chute d’une personne malvoyante du 4ème étage)

Altéo - association de personnes malades et handicapées – s’associe à l’émotion ressentie suite à l’accident dramatique d’un de ses membres à St-Ghislain (chute d’une personne malvoyante dans une cage d’ascenseur en travaux depuis le 4ème étage).

Ce drame met en lumière la question de l’isolement (tant physique que social) de la personne en situation de handicap. Briser cet isolement est une priorité de notre Mouvement et à ce titre, nous proposons une réflexion approfondie sur ce thème avec tous les acteurs qui le souhaitent.

Altéo souhaite également rappeler les attentes des personnes handicapées en matière de logement adapté.

Dans ce drame, des points posent question :

1. La sécurisation des travaux réalisés dans les immeubles, les bâtiments publics et sur la voirie. 

Quelles mesures spécifiques sont prises pour les personnes à mobilité réduite pour les informer de ces travaux et des dangers encourus et pour empêcher tout accident ?
Et en particulier pour les personnes mal ou non voyantes, 

Quelles sont les directives en la matière ? Sont-elles connues des sociétés chargées d’effectuer des travaux ? Le respect de ces normes est-il vérifié ?

2. Manque de prise en compte du handicap sensoriel et mental

Le CWATUPE (Code wallon de l’Aménagement du Territoire, de l’Urbanisme, du Patrimoine et de l’Energie) prévoit des normes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite pour les espaces publics et les bâtiments. Ces normes sont incomplètes en ce qui concerne les handicaps sensoriels et mentaux. Altéo, tout comme le CAWAB dans son mémorandum de 2009 (http://www.cawab.be/index.html), demande à ce que le CWATUPE soit modifié, en concertation avec le CAWAB, afin de mieux prendre en compte ces handicaps.

Voir ci-dessous les extraits du CWATUPE qui concernent les normes d’accessibilité aux personnes déficientes visuelles.

3. Manque de logements sociaux adaptés

Depuis de nombreuses années, Altéo et ses membres dénoncent le manque de logements sociaux adaptables et adaptés aux personnes handicapées en Région wallonne

L’inadaptation du logement est source de difficultés et ce encore davantage pour les personnes concernées par le handicap. Pour les personnes déficientes visuelles l’accessibilité se situe à deux niveaux : l’information (utilisation de couleurs contrastées, signalétique claire et précise, synthèse vocale annonçant l’ouverture et la fermeture des portes d’un ascenseur, ….) et de l’architecture (mise en place de système d’éveil à la vigilance par exemple via un revêtement au sol en léger relief, éclairage adapté, ….).  L’important pour ces personnes est de porter l’attention sur l’identification et la sécurisation des lieux ainsi que pour une signalisation des dangers. 
Actuellement, il n’existe pas de cadastre des logements sociaux adaptés ou adaptables aux personnes handicapées. Il est donc impossible aujourd’hui d’avoir une vue globale de l’offre existante : nombre de logements adaptés/adaptables, adaptés pour quels types de handicaps, logements pour quelle taille de ménage, répartition géographique de ces logements. Le rapport d’activités de la Société wallonne du logement mentionne la mise en œuvre d’un cadastre des logements sociaux qui devrait être réalisé à 90% fin 2014.


En attendant, Altéo constate que les personnes handicapées ayant besoin d’un logement social doivent attendre longtemps ou doivent se contenter d’un logement partiellement adapté en attendant qu’un autre logement se libère.

La construction de nouveaux logements sociaux adaptables constitue un autre enjeu de taille. Le CAWaB (Collectif Accessibilité Wallonie Bruxelles), dont fait partie Altéo, en collaboration avec le secteur de la construction et le soutien des Ministres wallons du Logement et des affaires sociales, a développé un « Guide à la Conception d’un Logement Adaptable » (http://www.cawab.be/documentation.html). 
Pour Altéo, cet outil doit être utilisé pour la construction des logements futurs. Les personnes handicapées doivent pouvoir avoir les mêmes chances que les autres citoyens d’obtenir un logement social adapté à leurs besoins.

Altéo enjoint tous les pouvoirs publics concernés par ces questions à poser des actes concrets pour que les personnes handicapées puissent être intégrées et participer pleinement à la vie sociale et ce, en toute sécurité.

( Plus d’informations sur les mesures existantes dans le CWATUPE à destination des personnes déficientes visuelles : 

Art. 414
§1er. Le présent chapitre s’applique aux actes et travaux soumis à permis d’urbanisme en vertu de l’article 84, §1er, et relatifs aux bâtiments, parties de bâtiments ou espaces suivants:
11° les parties communes, y compris les portes d’entrée de chaque logement des immeubles à logements multiples desservis par un ascenseur, les parties communes y compris les portes d’entrée de chaque logement du rez-de-chaussée des immeubles dépourvus d’ascenseur, sont assimilés aux logements, les studios, flats et kots;


Pour les ascenseurs les éléments par rapport au malvoyant :

Art. 415/5 
Les niveaux des locaux qui ne peuvent être atteints par les pentes prévues à l’article 415/1, sont accessibles, sans avoir recours à l’aide d’un tiers, par au moins un ascenseur ou par un élévateur à plate-forme dont les caractéristiques répondent aux conditions suivantes:
1° les systèmes d’appel et de commande sont perceptibles par toutes personnes handicapées, à l’aide de dispositifs lumineux et vocaux, si nécessaire;
5° la porte éventuelle, automatique et coulissante, présente un libre passage de 90 centimètres minimum;
6° l’ascenseur ou l’élévateur n’est pas verrouillé, sans préjudice de l’application des règles de sécurité;
7° une double série de boutons de commande est prévue: la première série, à hauteur habituelle, comporte des inscriptions en braille et les touches ne sont pas du type digital; la deuxième série ainsi que le téléphone éventuel, sont disposés horizontalement à une hauteur comprise entre 85 et 90 centimètres du sol. Les boutons mesurent minimum 3 cm. Le téléphone est muni d’un dispositif visuel signalant aux personnes sourdes qu’un interlocuteur est à l’écoute;
8° pour des raisons de sécurité à l’égard des enfants, le bouton « STOP » se situe à 130 centimètres du sol;
9° l’ascenseur est réglé pour que sa mise à niveau s’effectue parfaitement de plain-pied;
10° un signal auditif et lumineux indique le passage d’un étage.)

Belga