À la demande de l’INAMI et des mutualités chrétiennes et socialistes, le Centre
Fédéral d’Expertise des Soins de Santé (KCE) a examiné la situation de
l’hospitalisation de jour en Belgique. Les dépenses en hospitalisation de jour ont
augmenté en moyenne de 4,5 %
par an (2004-2010), de 307 à près de 400 millions d’euros. Cette augmentation
n’a pas été compensée par une diminution des couts d’hospitalisation classique, loin
de là. Les dépenses pour l’hospitalisation classique ont augmenté de 4 % par an
sur la même période, de 3,82 milliards à 4,85 milliards d’euros. Une des raisons avancées est la suivante : le
financement actuel n’est pas
suffisamment cohérent, transparent et efficient. C’est pourquoi il serait
préférable de passer à un financement forfaitaire, basé sur la nature des affections traitées. Mais avant de
réformer le financement, un plan
global pour soutenir l’extension de l’hospitalisation de jour doit être
établi. Cette étude est la première à examiner en détail les implications du
financement et de la règlementation : ont-ils alourdi les dépenses, ou il y
a-t-il eu une substitution des
couts?
Une admission à l’hôpital est le plus souvent une expérience
éprouvante. Beaucoup de patients préfèrent une hospitalisation de jour à une
hospitalisation classique. Il en est de même pour les autorités, qui considèrent
qu’une hospitalisation de jour est meilleur marché pour la société, avec une
même sécurité et qualité des soins . Le choix final ne dépend pas uniquement des
possibilités médicales et technologiques, mais aussi du financement et du cadre légal. La situation sociale et
les préférences du patient jouent également un rôle.
Augmentation de
plus de 50 % de l’hospitalisation de jourEntre 2004 et 2010, le budget pour tous
les types d’hospitalisations a augmenté en moyenne de 4 % par an, de 4,13 à 5,25
milliards d’euros. Pour l’hospitalisation de jour seule, les dépenses annuelles
ont augmenté de 4,5 % en moyenne, de 307 à près de 400 millions d’euros. Ceci
correspond à une augmentation de 53 % du nombre d’hospitalisations de
jour.
La part de l’hospitalisation de jour est comparable à celle
d’autres pays d’Europe de
l’Ouest, à l’exception de l’ablation de la vésicule biliaire par voie endoscopique.
Contrairement à ce qui est observé dans la majorité des autres pays, cette intervention s’effectue très peu en
hospitalisation de jour en Belgique (mais également en France et aux Pays-Bas). La majeure partie s’effectue
encore en hospitalisation classique.
Certaines interventions effectuées en hôpital
de jour impliquent une diminution d’hospitalisations classiques...L’augmentation
de l’hospitalisation de jour a été possible grâce au progrès technologique et
médical, et suite aux modifications apportées au financement et à la
règlementation, orientées pour stimuler l’hospitalisation de jour. De ce fait,
certaines interventions, qui auparavant étaient effectuées en hospitalisation
classique, se pratiquent maintenant en hospitalisation de jour. Prenons comme
exemples la réparation de l’hernie inguinale, la chirurgie des varices et l’ablation des amygdales. Lorsque ces
interventions sont effectuées en hospitalisation de jour, cela entraine une
diminution équivalente en hospitalisation classique.
… d’autres
pasLes chercheurs ont constaté par ailleurs une augmentation de certaines
interventions en hospitalisation de jour non compensée par une diminution
correspondante en hospitalisation classique. Les raisons en sont variées, mais
dans certains cas, cela semble provenir d’une modification du financement. Il
s’agit entre autres de la chirurgie du cristallin, la chirurgie dentaire, la
circoncision, la fragmentation des calculs rénaux et l’ablation de
l’endomètre.
Substitutions entre l’hôpital de jour et les soins
ambulatoiresPour, entre autres, le placement de drains transtympaniques,
l’infiltration péridurale pour soulager la douleur ainsi que certaines
interventions en gynécologie et en chirurgie dentaire, il y a une substitution
des soins ambulatoires (médecin généraliste, cabinet privé du spécialiste…) vers
l’hôpital de jour. On constate une substitution dans le sens inverse pour les
opérations de la cataracte et certaines interventions de chirurgie dentaire, qui
sont de plus en plus effectuées en ambulatoire.
L’augmentation des
dépenses en hospitalisation de jour n’est pas compensée par une diminution en
hospitalisation classiqueContrairement aux attentes, l’augmentation des dépenses
en hospitalisation de jour n’a pas été compensée par une diminution des couts
pour l’hospitalisation classique. Au contraire, les dépenses pour
l’hospitalisation classique ont augmenté au cours de la même période de 4 % en
moyenne annuelle, de 3,82 à 4,85 milliards d’euros.
Le financement
forfaitaire par pathologie recommandéLe financement actuel manque de cohérence,
de transparence et d’efficience, alors que l’intention est de stimuler le plus
possible le choix de l’hospitalisation de jour. C’est la raison pour laquelle le
passage à un financement forfaitaire en fonction de la nature de la pathologie
traitée est recommandé. Pour certaines affections, pour lesquelles une
hospitalisation de jour est aussi appropriée qu’une hospitalisation classique,
sans perte de qualité ou de sécurité, le tarif pour l’hospitalisation de jour et
l’hospitalisation classique devrait être le même. Ce système est déjà appliqué
dans certains pays voisins.
Un plan global avec des objectifs précis
avant une réformeAvant de mettre en œuvre une réforme pour l’hospitalisation de
jour, il faut établir un plan global, incluant des objectifs précis. Ce plan
doit déterminer, pour chaque type de soins, où celui-ci doit être
préférentiellement dispensé : en ambulatoire, en hospitalisation de jour ou en
hospitalisation classique. De plus, une liste de procédures et d’interventions à
effectuer en hospitalisation de jour doit être établie sur base
scientifique.
( Centre Fédéral d'Expertise des Soins de Santé )