jeudi 22 novembre 2012

Les chiffres du VIH/Sida en Belgique

Le nombre de nouvelles contaminations reste très élevé: toujours plus de 3 infections par jour ! 

En 2011, 1177 infections par le VIH ont été diagnostiquées en Belgique , soit plus de 3 par jour, ce qui maintient le nombre de nouvelles contaminations par an à un niveau extrêmement élevé. Par ailleurs, on a relevé en 2011, 1,8 diagnostic positif d’infection par le VIH sur 1000 tests, contre 1 sur 1000 en 1996. Il est donc clair que le nombre croissant de nouveaux cas de séropositivité diagnostiqués n’est pas dû à une augmentation des tests.
Le nombre élevé de diagnostics d’IST (infections sexuellement transmissibles) se maintient également. Des chiffres qui confirment le relâchement des comportements de prévention, observé ces dernières années. 
• Sur l’ensemble des nouveaux cas de contamination par le VIH diagnostiqués en Belgique en 2011, on constate, depuis 2002, une nette augmentation de la proportion d’homo/bisexuels masculins. Elle est égale à 46,6% en 2011, (contre 23,6% en 2002), ce qui est disproportionné si l’on considère la taille de ce groupe de population par rapport à l’ensemble de la population de la Belgique. 
• Avec 49,5%, la contamination par rapports hétérosexuels reste en première position et si elle s’observe en priorité chez les migrants en provenance d’Afrique Subsaharienne, il n’en demeure pas moins que nous sommes tous concernés. 
Même si l’infection à VIH, en Belgique, concerne surtout les homo/bisexuels belges et les personnes d’origine étrangère, nous sommes tous concernés, quelque soit son sexe, son âge, son orientation sexuelle, sa couleur de peau,  puisque le VIH est présent dans l’ensemble des groupes de la population.  C’est encore plus le cas si l’on regarde les autres infections sexuellement transmissibles. 
Concernant le ratio hommes/femmes, les deux tiers des nouvelles personnes infectées en 2011 sont des hommes : une proportion qui est à nouveau en augmentation.
Concernant l’âge, c’est la tranche d’âge des 25-34 ans qui est la plus touchée et cela se confirme et se renforce d’année en année (40 nouveaux cas en 1999 dans ce groupe contre 160 en 2011) mais tous les groupes d’âge sont touchés, y compris les jeunes qui débutent leur vie sexuelle : 40 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2011 chez les 15-24 ans. 

La Prévention des IST/Sida doit rester une priorité.

- Parce que le sida poursuit ses ravages, y compris en Belgique où les nouvelles contaminations restent à un niveau très élevé. 
- Parce que les comportements à risque augmentent. En témoigne notamment la recrudescence des IST (infections sexuellement transmissibles).
- Parce que la connaissance des moyens de transmission et des méthodes de protection est toujours insuffisante : ainsi, par exemple, une personne sur deux ignore que choisir des partenaires à l’apparence saine est une méthode de protection inefficace ! 
- Parce que les discriminations envers les personnes séropositives restent une réalité.
- Parce que le dépistage reste insuffisant ou trop tardif. D’une part, cela retarde la prise en charge médicale des personnes contaminées avec tous les risques de santé que cela comporte pour elles, et d’autre part, en l’absence de moyens de protection, génère de nouvelles contaminations. 
Il faut donc continuer à mener des actions d’information et de sensibilisation à la prévention, tant au niveau du grand public et des jeunes d’âge scolaire que vers les groupes les plus touchés par l’épidémie pour lesquels les programmes doivent être renforcés et adaptés.
Il convient également de renforcer l’intégration des publics spécifiques et prioritaires dans les messages grand public.  Tout en renouvelant et diversifiant les stratégies de prévention.
En 2012, le préservatif et le dépistage sont au cœur de la prévention du VIH et des autres IST.

Démarrage d’un Plan National Sida 

La Plate-Forme Prévention Sida et ses partenaires se réjouissent de l’annonce du ‘Plan National Sida’ pour la Belgique.  C’était une demande de secteur depuis de très nombreuses années. 
Ce plan a pour ambition de permettre une utilisation optimale des moyens mis en œuvre et de partir réellement des besoins du terrain en se basant sur la consultation des groupes cibles et des experts concernés. Il se veut aussi transversal et intégrant les aspects de                       non-discrimination et non stigmatisation des groupes de population les plus touchés. 

L’implication active des acteurs de terrain de la prévention, du dépistage et des soins permettra certainement le développement d’une approche cohérente et en lien avec les réalités de terrain.

Le préservatif, moyen de prévention central

Même si depuis plusieurs années, les avancées thérapeutiques en matière de traitement de l’infection par le VIH ont été importantes et invitent à une adaptation des stratégies de prévention, il est important de continuer à mettre le préservatif au cœur des stratégies de prévention.
Le préservatif, masculin et féminin, est toujours utilisé de manière insuffisante.
Il convient donc de renforcer la promotion des préservatifs masculins et féminins et de faciliter l’accès à leur utilisation ; via notamment le financement de campagnes de distribution gratuite.

Le dépistage, parce que c’est important de savoir

En 2011, 62,4 tests de dépistage VIH par 1000 habitants ont été réalisés. Ceci correspond à une augmentation du nombre de tests de 4,4% par rapport à l’année 2010. Un progrès qui confirme l’importance de poursuivre les campagnes et actions de sensibilisation menées par les associations de lutte contre le sida.
Lorsqu’il y a eu comportement à risque, tant pour le VIH que pour les IST, il est indispensable de réaliser rapidement un test de dépistage. Car on peut être contaminé par le VIH ou par une IST sans présenter de symptômes… et donc contaminer ses partenaires. La précocité du diagnostic permet, en cas de contamination avérée, une prise en charge médicale plus rapide et une modification du comportement sexuel.

Réduire le dépistage tardif doit être une priorité.

Avec 42% en moyenne, le pourcentage de diagnostics tardifs est en régression ces dernières années. C’est particulièrement marquant au sein du groupe homo/bisexuel (33% de dépistages tardifs). Une évolution favorable, certes, mais non suffisante : un tiers de ces patients est encore diagnostiqué tardivement. Un pourcentage qui reste très important. 
Il est en effet, aujourd’hui, important de savoir si on est infecté par le VIH.  En effet, un diagnostic posé plus précocement permet une meilleure prise en charge thérapeutique.  Il permet aussi à la personne d’adapter plus tôt son comportement de manière à éviter la transmission de l’infection à son/sa partenaire.  
La communication sur le dépistage du VIH mais aussi des autres IST doit être renforcée, tant auprès de la population générale qu’auprès de groupes prioritaires.
Il convient aussi de renforcer l’offre de dépistages, notamment anonymes et gratuits. Tout en renforçant le rôle des médecins généralistes et des médecins spécialistes qui devraient davantage proposer le recours à un test de dépistage.
La place du dépistage délocalisé devient un axe essentiel de la politique de dépistage ; qui devrait également intégrer les dépistages médicalisés, comme cela se fait chez nos voisins.
( Belga)